A
Abandonner
- Abandonner n'est ni positif ni négatif parce que savoir abandonner un gland fait pousser un chêne et laisser à l'abandon des matériaux dans les couloirs de l'école rempli la Récupérathèque.
- « La vie est si compliquée, le travail si dur, l’économie si lugubre et la poésie si futile que je sens la volonté d’abandonner. » *
*** Filliou Robert, « Les propositions et principes de Robert Filliou, 1978, extrait de Centerfold, vol.2, n° 2 et 3 », Sophie Cras, Écrits d’artistes sur l’économie, Une anthologie, De modestes propositions, B42, 2022
Accompagner
Accompagner une Récupérathèque c'est avoir été formé·e en tant qu'accompagnateur·ice des Récupérathèques. C'est participer à la vie du réseau de la Fédération des Récupérathèques, savoir proposer des offres adaptés aux écoles dans l'objectif de suivre et soutenir la construction de nouveaux projets d'une Récupérathèque et assurer sa pérennité année après année. Chaque accompagnement est adapté au contexte dans lequel la Récupérathèque vient s’implanter. La Fédération à développé le modèle « Récupérathèque » pour les écoles de création et chez les communautés de créateur·ices en mettant à disposition différents outils clé-en-main qui permettent de faciliter la logistique d’une Récupérathèque.
Autonomie
« Réponse individuelle à une question posée par la collectivité en crise. Autonomie de pensée : accès à la construction de soi en toute liberté. »
Assemblage
Association
Avis de passage
Petit mot laissé sur un matériau ou projet abandonné dans l'école qui laisse un délai de deux semaines à un mois pour que sa·on propriétaire se manifeste. Passé le délai, le matériau peut être collecté par la Récupérathèque et rangé dans le stock.
B
Benne
- Un·e étudiant·e en école de création abandonne en moyenne 35 kg de matériaux par an. Les arrivées de bennes dans les écoles de création sont des temps communs à toutes souvent positionnées plus ou moins au même moment dans les calendriers, c'est l'occasion pour l'équipe de la Récupérathèque de lancer une initiative ou un évènement pour marquer le coup en sensibilisant à l'esprit récupérateur et en remplissant le stock de sa Récupérathèque.
- Olivier Millis à choisi la benne de l'ENSBA comme lieu de passage de son diplôme en 2016. Alicia Arco choisi le jardin de la HEAR Strasbourg où se trouve le potager tenu par le collectif « La Pelle », le jardin et la benne comme lieu de passage de son diplôme.
Bénévolat
Situation d'une personne qui accomplit un travail gratuitement, sans y être obligée.
BISOU
Acronyme à se souvenir avant d’acheter quelque chose :
Besoin : À quel besoin répond cet achat ?
Immédiat : Puis-je attendre quelque jour avant de décider ?
Semblable : Ai-je un objet qui a déjà cette utilité ?
Origine : D’où vient ce produit ?
Utile : Cet objet va-t-il m’apporter un confort primordial ?
Boucles de rétroaction
Une action qui est en retour d’un effet sur sa propre origine : la séquence de causes et d'effets forme donc une boucle dite boucle de rétroaction.
C
Cadre de sécurité
Safe place en anglais, désigne un ensemble de règles écrites par un groupe pour assurer le bon déroulé d’une réunion pour chacun·e des participant·es. Le cadre reste appelable et évolutif en passant par une mise au vote.
Calendrier
- À l’école , linéaire, calqué sur celui du système scolaire (rentrée, vacances, diplômes)
- Pour un·e travailleur·euse de l’art, inattendu, imprévisible
- Pour un jardin, cyclique. Travailler en extérieur et avec le vivant induit le fait de se positionner dans des organisations temporelles cycliques. *
- Au Moyen Âge et pendant « l’immense paysannerie » ** , en relation avec les moissons
*** LIOGIER Pauline et DIROSA Ernesto, Navette n*00, à l'interieur de la production, 14ème Biennale Internationale du Design, Saint Etienne, avril 2022, <https://lecydre.space/assets/img/La\_Navette\_no0.pdf>
** Podcast France Culture, G.ERNER et Antony GALLUZZO, « De la production locale au marché mondiale, histoire de la société marchande », émission des matin d’été, 30 juin 2020, < https://www.franceculture.fr/emissions/linvite-des-matins/de-la-production-locale-au-marche-mondial-histoire-de-la-societe-marchande>
Chance
L'histoire qui suit est une histoire collecté par alicia arco sur un four à pain, cette histoire dessine le parcours de la vie d’un matériau, ici, celui de pierres réfractaires.
« Giuseppe travaillait en tant que polisseur à Villeurbanne, un jour il est passé avec sa camionnette à Gratte-ciel et il est tombé sur une benne remplie de pierres réfractaires (briques et plaques) provenant d’une tannerie qui fermait. Ces briques étaient utilisées pour un four à gaz appelé « four de sèche » qui servait à sécher les peaux. Giuseppe a donc décidé de vider sa camionnette pour récupérer un maximum de ces pierres pour construire un four en forme de dôme sur sa propriété.
« On signale que, dans les années 1890, toutes les maisons du quartier italien comportaient dans leur arrière-cour un four à pain en forme d'igloo, construit en brique et en béton. Un des premiers symptômes de l'expansion de la population italienne et de son emprise sur une ville ou une agglomération était l'ouverture de petites boulangeries installées dans les sous-sols ou sous les auvents pour satisfaire son appétit, apparemment insatiable, de pain blanc. » *
Les briques réfractaires récupérées mesuraient 20 cm de longueur, 5-6 cm de large et 10 cm en hauteur. Avec les briques, il y avait aussi des plaques réfractaires pour faire le sol du four. Le four a été construit avec l’aide d’Armando [dit Mendini], maçon de profession, qui habite à Irigny avec Flora, la cousine de Giuseppe car ce dernier n’avait pas ce savoir-faire. Ce four, une fois construit, pouvait accueillir sept à huit pains.
En 2005, Donata et Guiseppe décident de détruire ce four parce qu'i·els le trouvaint trop « laborieux », il fallait beaucoup de bois pour faire monter et faire maintenir la température (entre 300 et 400°C). Autrefois, beaucoup de personnes allaient chez elleux pour y jeter leur bois pour qu'iels l'alimenter le four.
Lors de la déconstruction du four en pierre, Domenico a récupéré les briques pour faire un four en forme de dôme dans sa pizzeria « Briganti » qui se trouvait à Villeurbanne. La pizzeria à par la suite été fermée, je n’ai pas réussi à trouvé des personnes en capacité de me raconter ce qui est arrivé à ces briques. Quelques années après, Donata s’est vue offrir par la famille pour son anniversaire un four de la marque « Fontana » importé d’Italie pour remplacer celui qui avait été détruit.
La chance et le hasard ont fait que Giuseppe est tombé sur les matériaux dont il avait besoin au bon moment. Avoir trouvé ces briques en plein Gratte-Ciel c'est comme de l'or, parce que ces matériaux sont rares et onéreux sur le marché (plus de 1 euro à l'unité) ça n'arrive pas plusieurs fois. L'été 2022, je me suis mis en tête de remettre sur pied le coin du feu [+] de la famille Raso-Saccucci, j'ai mis un mois à faire des recherches sur des ventes ou dons de briques, impossible de trouver.
[+] J'appelle coin du feu un espace extérieur plus grand qu'une cuisine qui sert à transformer des denrées alimentaires.
Il s'avérait que, dans l'ancien chez Speranzina et Santino, où habite depuis peu Romain et Clarisse, iels voulait virer l'ancienne cheminée qui avait été construite avec des briques rouges et des briques réfractaires de réemploi. Avec Sergio, nous l'avons déconstruite dans l'objectif de récupérer ces matériaux. Le temps et l'énergie que cela nous à pris d'essayer au maximum de la déconstruire et non pas de la démolir, fut très laborieux. Effectivement, avoir trouvé ces briques en plein Gratte-ciel c'est de l'or, mais,
plutôt que d'attendre la chance, ne serait-il pas moins écureuil de chercher à construire des réseaux et des espaces résiliants ? Ne gagnerons-t-on pas ici à être en intelligence ?
Glaner est un savoir qui se cultive sur le terrain, il permet de développer des connaissances sur les propriétés des matériaux ou des produits et d'arpenter de nouvelles formes d'économie. Mais il est plus accessible et équitable pour tous·tes que la chance puisse devenir un terrain fertile à la création d'espaces de deal ou de négociation. [+]
[+] Ateliers d'autoréparations de vélos (réseau des Clavettes), Repair Cafés, Recycleries, Récupérathèques ou encore le projet Feral Trade **. » ***
*** p.33, LEVENSTEIN Harvey, CONLIN Joseph, « Les habitudes alimentaires des immigrants italiens en Amérique du Nord - Étude de la persistance d’une culture culinaire et de la montée du « fast-food » en Amérique du Nord », Culture technique – n*16 « Technologies agroalimentaires », 1986
** Feral Trade, <https://www.feraltrade.org/>, est une épicerie en ligne crée par Kate Rich en 2003 et qui met en circulation et l'échange de produits alimentaires de personne à personne. Les produits sont transportés via des bagages privés sans protocoles d'import/export. Feral Trade explore « les zones grises économiques et culturelles pour récupérer les outils de l'administration des affaires en tant que médium artistique » / contact: kate@feraltrade.org
*********p.72 à 75, alicia arco, Un·e renard·e vaut un panier d'oeufs frais - Una volpe vale un cestino di uove fresce, mémoire de DNSEP Art, suivit par anne laforet, Haute école des arts du Rhin (HEAR) Strabourg, janvier 2023